Les pays s’engagent à prendre en main les multiples menaces pesant sur les oiseaux d’eau migrateurs

Adoption de nouveaux Plans d’action pour les oiseaux marins, lecourlis cendré, la grue royale, la Harelde kakawi, l’ibis chauve, lebec-en-sabot du Nil et l’oie des moissons de la taïga

Bonn, le 16 novembre 2015 – 22 résolutions, dont des plans d’action pour les oiseaux marins fortement menacés, et des directives relatives à l’utilisation durable des oiseaux d’eau ont été adoptées lors de la sixième Réunion des Parties (MOP6) de l’Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie (AEWA), géré par leProgramme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), qui s’est conclue le 14 novembre au Campus des Nations Unis à Bonn.

Les oiseaux d’eau migrateurs tels que les cigognes, les canards, les oies et les manchots du Cap, sont particulièrement vulnérables à de nombreuses menaces le long de leur route migratoire, souvent longue, à travers l’Afrique et l’Eurasie.

Jacques Trouvilliez, Secrétaire exécutif de l’AEWA, a déclaré : « L’AEWA forme un pont entre l’Eurasie et l’Afrique, qui est indispensable pour la conservation des migrants transcontinentaux. Les objectifs de la Directive Oiseaux de l’UE, adoptée en 1979, ne peuvent pas être complètement atteints si les actions sont uniquement limitées à la sphère politique. L’AEWA permet de lancer des actions concertées le long de la voie de migration, qui s’étend de la Russie à l’Afrique du Sud ; cependant, les pressions sur les oiseaux varient du nord au sud. »

« Nos actions sont basées non seulement sur la meilleure expertise scientifique, mais également sur la volonté de réconcilier le bien-être humain avec la conservation de la biodiversité car, sans le soutien des communautés locales, nous ne pouvons pas y arriver, » a-t-il ajouté. « La conservation de la nature nécessite à la fois des connaissances scientifiques et l’implication de la société humaine. Cela explique l’attention portée à l’Afrique à travers l’Initiative africaine de l’Accord, adoptée il y a 3 ans. »

Abdoulaye N’Diaye, Coordinateur duGroupe d’appui technique de l’Initiative africaine de l’AEWA et lauréat du Prix de la conservation AEWA 2015, a déclaré: « La conservation des oiseaux d’eau en Afrique est liée à l’amélioration des moyens de subsistance des hommes. Nous ne pouvons pas supposer qu’il existe le même niveau de capacités pour la gestion des zones humides et le suivi de nos oiseaux d’eau partagés tout le long de la voie de migration. »

Plus de 200 représentants et grands experts issus des États parties, des États observateurs, d’organisations intergouvernementales et non gouvernementales ont participé à la conférence visant à guider les futurs efforts de conservation en faveur des oiseaux d’eau migrateurs le long de la voie de migration d’Afrique-Eurasie. L’AEWA a été conclu il y a 20 ans sous l’égide de laConvention sur la Conservation des Espèces Migratrices de la Faune Sauvage (CMS). C’est le plus grand accord contraignant existant sous la Convention à ce jour.

Oiseaux marins

 

Les oiseaux marins font partie du groupe d’oiseaux le plus menacé au monde. Pour la première fois de l’histoire d’AEWA, un plan d’action pour neuf espèces d’oiseaux marins a été adopté, incluant l’Angola, la Namibie et l’Afrique du Sud.

« Les oiseaux marins sont les sentinelles de la santé de l’océan et certains envoient des signaux de détresse. Des efforts concertés, coordonnés et collaboratifs sont nécessaires afin de sauver nos oiseaux marins et ainsi sécuriser nos océans », a affirmé le Dr. Ross Wanless, coordinateur Afrique duProgramme mondial sur les oiseaux marins de BirdLife en Afrique du Sud, qui a co-écrit Review of the Status, Threats and Conservation Action Priorities for the Seabird Populations Covered by the Agreement (Analyse du statut, des menaces et des priorités des actions de conservation pour les populations d’oiseaux marins couvertes par l’Accord) et Review of Potential Impacts of Marine Fisheries on Migratory Seabirds within the Afrotropical Region (Analyse des impacts potentiels des sociétés de pêche sur les oiseaux marins migrateurs dans la région afro-tropicale), présentés lors de la MOP6.

L’état de conservation des oiseaux marins se détériore plus rapidement que celui de n’importe quel autre groupe d’oiseaux, les sociétés de pêche représentant un risque majeur à cause de la capture accessoire et de l’épuisement des proies. Les oiseaux marins sont également menacés par les espèces envahissantes dans les îles, l’ingestion de micro-plastiques, les fermes éoliennes offshores, les déversements de pétrole, les nuisances sur les sites de reproduction, les captures et le changement climatique.

Pour relever ces défis, les pays ont convenu d’établir et de compléter un réseau de zones marines protégées. Par ailleurs, ils se sont engagés à soutenir les décisions de l’Assemblée des Nations Unies pour l'environnement (UNEA1) sur les débris marins et de l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (OAA) afin de se conformer aux réglementations visant à protéger les oiseaux marins, telles qu’adoptées par lesOrganisations régionales de gestion des pêches. Il a été démontré que des modifications peu coûteuses des engins de pêche réduisaient de manière significative la mortalité accidentelle des oiseaux marins.

 

Plans d’action

 

La conférence a également adopté des plans d’action pour six espèces prioritaires, dont trois existent uniquement en Afrique. Ils incluent l’oiseau national de l’Ouganda, la grue royale, menacée d’extinction, qui a subi un déclin de 80 pour cent au cours des 45 dernières années.

Kerryn Morrison, responsable du Programme de conservation de la grue d’Afrique et coordinatrice du Plan d’action, a déclaré : « C’est un plan d’action fantastique qui réunit vraiment les gouvernements de l’aire de répartition de la grue royale, ainsi que des ONG, des universités, des parties intéressées et le secteur privé, tous essentiels afin de garantir que ces oiseaux charismatiques restent des icônes des prairies sauvages et des zones humides d’Afrique. »

Le Bec-en-sabot du Nil, qui doit son nom à son bec énorme, est menacé par le commerce illégal de la faune sauvage, la perte des habitats à cause des activités agricoles et les nuisances dues au bétail et aux hommes. Il reste environ 5.000 à 8.000 oiseaux à l’état sauvage. Le plan d’action adopté par la MOP6 tentera de minimiser le commerce illégal et de réduire les nuisances et la perte des habitats dubec-en-sabot du Nil, ce qui bénéficiera également à d’autres espèces.

Classé comme étanten danger critique d’extinction sur la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’ibis chauve, avec ses plumes noires caractéristiques sur la tête, risque de s’éteindre. Depuis les années 1950, il a subi un grave déclin du à la perte des habitats, à l’intoxication aux pesticides DDT et à la chasse et, plus récemment, à l’électrocution sur les lignes électriques. Il reste seulement 500 oiseaux à l’état sauvage aujourd’hui. Le plan d’action vise à augmenter le taux de reproduction, à réduire la mortalité, à établir de nouvelles colonies et à combler les lacunes essentielles de connaissances.

Loie des moissons de la taïga, avec une population hivernale d’environ 100.000 oiseaux au milieu des années 1990, a chuté à 63.000 en 2009, principalement à cause de la chasse et du braconnage. La formation, le suivi et le contrôle de la chasse mis en avant dans le nouveau plan d’action peuvent contribuer à restaurer et maintenir des populations viables.

À l’échelle mondiale, la population d’Hareldes kakawi a chuté de près de 60 pour cent au cours des dix dernières années à cause de la dégradation des habitats, des marées noires, des noyades à cause de l’enchevêtrement dans les filets de pêche et de la chasse. Le plan d’action pour cette espèce inclut une chasse durable et la modification des voies de navigation afin de contenir les marées noires.

La perte et la fragmentation des habitats des tourbières à cause du reboisement, de la forte ponte et de la mortalité des oisillons, et de l’agriculture intensive constituent les principales menaces à l’encontre du courlis cendré. Elles ont entraîné un déclin mondial de cette espèce d’environ 20 à 30 pour cent au cours des 15 dernières années. Le plan d’action de l’AEWA vise à inverser le déclin de la population en réduisant le taux de mortalité des oiseaux adultes et en augmentant le taux de reproduction.

La MOP6 de l’AEWA a également évoqué l’impact des énergies renouvelables sur les espèces migratrices, y compris les oiseaux d’eau. Les technologies des énergies renouvelables contribuent à lutter contre le changement climatique mais, si elles ne sont pas correctement installées, elles peuvent également blesser les animaux, tels que les oiseaux d’eau migrateurs. Si elles sont localisées sur les grandes voies de migration, les fermes éoliennes et les centrales hydroélectriques peuvent avoir des effets mortels. Les directives adoptées lors de la réunion recommandent d’évaluer l’impact environnemental lors de la planification de la construction de turbines éoliennes et de mettre en place des périodes d’arrêt pendant les migrations d’oiseaux.

L’Initiative Voie de migration de la mer des Wadden (WSFI), lancée en 2012, a pour objectif d’augmenter les capacités en faveur de la conservation des oiseaux migrateurs et du suivi le long de laVoie de migration Est-Atlantique, un système migratoire couvrant toute la côte Atlantique de l’Afrique et s’étendant jusqu’en Europe du Nord et en Russie. Le réseau WSFI s’est réuni en marge de la MOP6 de l’AEWA afin de discuter des projets futurs de cette initiative prometteuse.

 

Notes aux rédacteurs

À propos de l’AEWA

 

L’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA) est un traité intergouvernemental administré par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) portant sur la conservation et l’utilisation durable des oiseaux d’eau migrateurs – tels que les plongeons, les grèbes, les pélicans, les fous de Bassan, les grands cormorans, les hérons et les aigrettes, les cigognes, les ibis et les spatules, les flamants, les canards, les oies et les cygnes, les grues et les rallidés, les limicoles, les mouettes, les sternes, les becs-en-ciseaux, les phaétons et les frégates, les pingouins et le manchot du Cap.

Comptant actuellement 75 Parties sur un total de 119 États de l’aire de répartition, il s’agit du plus vaste instrument régional en son genre, élaboré dans le cadre de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS, aussi connue sous le nom de Convention de Bonn, ville dans laquelle ce traité a été signé).

www.unep-aewa.org

 

La Réunion des Parties (MOP - Meeting of the Parties)

L’organe décisionnel de l’Accord, qui se réunit tous les trois ans, examine l’application du traité intergouvernemental. À la MOP6, les gouvernements ont pris des décisions sur des mesures de conservation et de gestion cruciales pour assurer la survie sur le long terme des 255 espèces d’oiseaux d’eau migrateurs visées par l’Accord.

Tous les documents de la réunion sont consultables ici :

http://www.unep-aewa.org/en/meeting/6th-meeting-parties-aewa

 

Les autres ressources liées aux médias sont disponibles ici :
http://www.unep-aewa.org/ns/?title=mop6-newsroom&lang=en

 

Pour de plus amples renseignements, veuillez contacter :

Florian Keil, Coordinateur de l’équipe conjointe de gestion de l’information, de communication et de sensibilisation des Secrétariats du PNUE/CMS et du PNUE/AEWA, tél : +49 (0)228 815 2451, email : [email protected]

Veronika Lenarz, Service de l’Information, Secrétariat du PNUE/CMS, tél : +49 (0)228 815 2409, email : [email protected]

Last updated on 13 May 2016