Une énergie plus sûre pour les oiseaux

La Journée mondiale des oiseaux migrateurs 2015 souligne l’importance des efforts pour que le développement à venir des énergies propres  garantisse également la survie des oiseaux migrateurs

Bonn/Nairobi, 8 mai 2015– Éteindre les lumières non essentielles dans les villes afin d’aider les oiseaux à suivre leurs voies de migration annuelles en automne et au printemps, enterrer les lignes électriques ou les moderniser afin d’empêcher les collisions et les électrocutions mortelles avec les oiseaux constituent de parfaits exemples des mesures prises en vue de rendre plus sûre pour les oiseaux migrateurs l’utilisation croissante des énergies. Ces mesures doivent être accompagnées de lois nationales efficaces, ainsi que de mesures garantissant la protection des oiseaux des effets néfastes du développement énergétique.

Les oiseaux migrateurs, tels que les grues, les cigognes, les oiseaux de rivage et les aigles, voyagent sur des milliers de kilomètres le long  de voies de migration s’étendant sur des pays et des continents entiers. Toutefois, les pressions résultant de la croissance de la population humaine, de l’urbanisation rapide, de la pollution, du changement climatique et de l’utilisation non durable des habitats naturels entraînent la perte, la fragmentation et la dégradation des habitats naturels dont dépendent oiseaux migrateurs. À ces pressions s’ajoutent les développements dans le secteur énergétique, car des millions d’oiseaux migrateurs sont affectés par l’expansion massive des divers moyens de générer et de distribuer l’énergie.

« Le défi mondial consiste à s’assurer que le développement et le déploiement des infrastructures énergétiques, cruciales pour le développement humain, et des technologies des énergies renouvelables, centrales dans la lutte contre le changement climatique, ne soient pas faits au détriment d’espèces d’oiseaux migrateurs déjà menacées d’extinction, » a déclaré Bradnee Chambers, Secrétaire exécutif de laConvention sur la conservation des espèces migratrices de la faune sauvage (CMS).

Les technologies des énergies renouvelables sont essentielles alors que nous nous efforçons d’atteindre un avenir moins émetteur de carbone. Néanmoins, une énergie ne peut pas vraiment être considérée comme durable et respectueuse de l’environnement si elle ne prend pas en compte la biodiversité et, plus précisément, les oiseaux migrateurs.

« Il est évident que nous avons besoin des énergies renouvelables afin de lutter contre le changement climatique, qui affecte la survie de toutes les espèces. Mais le développement de ces nouvelles technologies ne doit pas se faire au détriment des oiseaux migrateurs et de la biodiversité de la planète, » déclare Jacques Trouvilliez, Secrétaire exécutif de l’Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie (AEWA).

S’il n’est pas planifié correctement, le déploiement des technologies éoliennes, bioénergétiques, géothermiques, hydrauliques, océaniques et solaires peut avoir des impacts négatifs sur les oiseaux migrateurs car ces installations peuvent constituer des barrières à la migration et exacerber la perte et la dégradation des habitats.

« Des solutions existent pour relever ce défi et la CMS et l’AEWA ont préparé des lignes directrices incluant des mesures pratiques afin de rendre à la fois les lignes électriques et les énergies renouvelables plus sûres pour les animaux migrateurs, en particulier pour les oiseaux. Une évaluation adéquate en amont afin d’éviter de placer des fermes éoliennes sur les points de passage les plus fréquentés des  voies de migration ou le fait de rendre les câbles électriques plus visibles afin d’éviter les collisions avec les oiseaux constituent quelques exemples pratiques » avance Trouvilliez.

Célébrée dans plus de 80 pays les 9 et 10 mai avec pour thème « Pour une énergie respectueuse des oiseaux! », la Journée mondiale des oiseaux migrateurs 2015 soulignera l’importance de déployer les technologies des énergies de manière à empêcher et minimiser les impacts sur les oiseaux migrateurs et leurs habitats.

Les évènements de cette Journée mondiale des oiseaux migrateurs incluent des festivals ornithologiques, des programmes éducatifs, des excursions d’observation ornithologique, des présentations et une compétition internationale de vidéos. Il y aura à nouveau un concert caritatif afin de sensibiliser le public et de lever des fonds en faveur de la conservation des oiseaux migrateurs.

Lancée au Kenya en 2006, la Journée mondiale des oiseaux migrateurs est célébrée le deuxième week-end de mai par de plus en plus de personnes et d’organisations dédiées à la cause à travers le monde. Cette campagne annuelle de sensibilisation est organisée par la CMS et l’AEWA, deux traités intergouvernementaux sur la faune sauvage placés sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE).

La campagne de 2015 a été rendue possible grâce à une contribution volontaire du Ministère fédéral allemand pour l’environnement, la conservation de la nature, la construction et la sûreté nucléaire (BMUB) à l’AEWA. Cette campagne internationale est soutenue par de nombreux partenaires mondiaux, dont : BirdLife International, Wetlands International, le Secrétariat duPartenariat sur la voie de migration Asie orientale – Australasie (EAAFP), leConseil international de la chasse et de la conservation du gibier (CIC) et le PNUE.

 

NOTES AUX RÉDACTEURS

Directives internationales – Solutions potentielles

Une résolution adoptée par les Parties à la CMS à leur Conférence des Parties la plus récente, tenue à Quito (Equateur) l’année dernière, demande d’effectuer des évaluations  environnementales stratégiques et des évaluations de l’impact sur l’environnement lors de la planification de l’utilisation des technologies liées aux énergies renouvelables, d’éviter les aires protégées existantes et les autres sites importants pour les espèces migratrices. 

En faisant spécifiquement référence à l’énergie éolienne, la résolution demande d’entreprendre une planification physique prudente, en accordant une importance particulière à la mortalité des oiseaux (en particulier les espèces à longue durée de vie et à faible taux de fécondité) résultant d’une collision avec des turbines éoliennes.

Des directives demandées conjointement par la CMS et AEWA pour éviter ou atténuer l’impact des réseaux électriques sur les oiseaux migrateurs sont disponibles ici :

http://www.worldmigratorybirdday.org/links

 

Exemples de mesures

Toutes les lignes de transport d’électricité à faible ou à moyenne tension ont été enfouies dans le sous-sol aux Pays-Bas, et ce processus est actuellement mis en œuvre en Belgique, au Royaume-Uni, en Norvège, au Danemark et en Allemagne. Le problème d’électrocution n’existe donc pas ou a diminué de manière substantielle dans ces pays.

Pour réduire le risque d’électrocution, l’ONG hongroise MME a mis au point un couvercle en plastique pour les supports métalliques des pylônes et, étant donné que 80 pour cent des cigognes blanches en Hongrie utilisent les poteaux électriques comme perchoirs et pour leurs nids, des plateformes de sécurité ont été installées pour éviter que les oiseaux ne s’électrocutent.

D’autres mesures sont peu coûteuses à appliquer, telles que l’installation de marqueurs ou de déflecteurs de vol des oiseaux sur les lignes aériennes et les câbles, ou l’utilisation de flashes stroboscopiques comme les voyants lumineux d’avertissement des avions, car une illumination continue a tendance à attirer les oiseaux.

On s’attend à ce qu’une pratique mise en œuvre avec succès en Allemagne, consistant en un marquage des lignes électriques au moins tous les cinq à dix mètres pour les rendre plus visibles aux oiseaux, réduise de 50 pour cent au moins le taux de collision des oiseaux.

La conception et l’emplacement des pylônes sont très importants également – dans les paysages boisés, par exemple, il est préférable que les structures ne dépassent pas la hauteur du couvert forestier.  Le suivi réalisé en France au cours des 20 dernières années a montré que le fait d’attacher des spirales déflectrices aux lignes électriques à des intervalles réguliers pour que les oiseaux puissent plus facilement détecter les obstacles peut permettre de réduire les collisions et les décès qui en résultent.

Réduire à un minimum la construction de nouvelles lignes électriques, grâce à une planification efficace du réseau électrique et à une dispersion des générateurs électriques, est un autre moyen d’empêcher l’électrocution et les collisions d’oiseaux. Une conception de l’emplacement, du tracé et de l’orientation des lignes électriques basée sur des cartes de zonage national et qui évite, autant que possible, les habitats importants en termes de conservation, tels que les aires importantes pour les oiseaux, les aires protégées, les sites Ramsar et d’autres sites critiques, constitue un élément essentiel des évaluations de l’impact sur l’environnement.  Les principaux sites qui sont des « goulots d’étranglement » doivent être exclus dès le départ.

La fermeture temporaire des turbines éoliennes sur demande, à des endroits spécifiques et à des périodes spécifiques, comme au plus fort de la saison de migration, constitue une mesure efficace. Lorsque cette mesure a été appliquée en Espagne, le nombre de vautours fauves tués a diminué de moitié, contre une baisse de moins de 0,1 pour cent de la production d’électricité.

L’absence relative d’infrastructures électriques en Afrique à l’heure actuelle offre la possibilité d’éviter les erreurs commises par le passé dans d’autres parties du monde, si les directives internationales sont respectées.  Cependant, une catastrophe pourrait se produire pour la faune aviaire si ces directives ne sont pas appliquées.

 

Citations supplémentaires

« La migration annuelle des oiseaux est l’une des grandes merveilles naturelles et constitue une source d’inspiration pour les personnes du monde entier. La Journée mondiale des oiseaux migrateurs constitue non seulement une merveilleuse occasion de célébrer ces créatures magnifiques et leurs incroyables voyages, mais également de sensibiliser le public aux nombreuses menaces auxquelles elles doivent faire face sur leur chemin, » affirme Jacques Trouvilliez, Secrétaire exécutif de l’Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie (AEWA).

« Il est indubitable que le développement et le déploiement des énergies renouvelables sont essentiels si nous voulons mettre un terme à notre dépendance aux combustibles traditionnels. Le Partenariat BirdLife s’engage à garantir qu’une planification, une évaluation et un suivi adéquats des infrastructures des énergies renouvelables soient effectués afin d’empêcher les effets néfastes sur les oiseaux et la nature, » déclare Patricia Zurita, Directrice générale de BirdLife International

« Le message porté par la Journée mondiale des oiseaux migrateurs de cette année est qu’une transition vers un avenir véritablement vert et fonctionnant avec des énergies propres devra également inclure des méthodes de production et de transmission énergétiques respectueuses de la faune sauvage, en particulier des oiseaux, ainsi que des actions concertées entre les gouvernements, les organisations de conservation de la nature, les scientifiques et le secteur énergétique afin de s’assurer que les avantages d’une énergie durable profitent aux humains, aux oiseaux et à la nature, » avance Bradnee Chambers, Secrétaire exécutif de laConvention sur la conservation des espèces migratrices de la faune sauvage (CMS).

 

À propos de laConvention sur la conservation des espèces migratrices (CMS)

La Convention sur la Conservation des espèces migratrices de la faune sauvage (également connue sous le nom de CMS ou Convention de Bonn, d’après la ville où elle a été signée) a pour objectif de protéger les espèces migratrices terrestres, aquatiques et aviaires dans toute leur aire de répartition. C’est un traité intergouvernemental, conclu sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, centré sur la conservation de la faune sauvage et de ses habitats à l’échelle mondiale. Depuis l’entrée en vigueur de la Convention, le nombre de ses adhérents n’a cessé d’augmenter, jusqu’à atteindre 120 Parties d’Afrique, d’Amérique centrale et du sud, d’Asie, d’Europe et d’Océanie.

La CMS et ses Accords connexes sur les oiseaux migrateurs rassemblent les gouvernements et autres acteurs afin de coordonner et de développer davantage des mesures internationales en faveur des voies de migration, de garantir que toutes les voies de migration du monde bénéficient d’un mécanisme de coordination promouvant la coopération sur le terrain entre les pays concernés.

Pour de plus amples renseignements, rendez-vous sur le site web : http://www.cms.int

 

À propos de l’Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie (AEWA)

L’Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie (AEWA) est un traité intergouvernemental développé sous l’égide de la CMS et dédié à la conservation des oiseaux d’eau migrateurs migrant le long de la voie de migration d’Afrique-Eurasie. L’Accord couvre 255 espèces d’oiseaux dépendant des zones humides pendant au moins une partie de leur cycle annuel. Le traité couvre 119 États de l’aire de répartition en Europe,au Moyen-Orient et en Afrique, ainsi que dans certaines parties d’Asie et du Canada. À ce jour, 74 pays, ainsi que l’Union européenne (UE) sont des Parties contractantes de l’AEWA (au 1er mai 2015).

Rendez-vous sur le site web de l’AEWA : http://www.unep-aewa.org

 

Liens connexes :

Journée mondiale des oiseaux migrateurs : www.worldmigratorybirdday.org

Déclarations marquant la Journée mondiale des oiseaux migrateurs 2015 : http://www.worldmigratorybirdday.org/content/statements/

Évènements de la Journée mondiale des oiseaux migrateurs 2015 dans le monde : http://www.worldmigratorybirdday.org/events-map

 

Contacts :

 

Florian Keil, Coordinateur de l’équipe conjointe de communication des Secrétariats du PNUE/CMS et du PNUE/AEWA

Tél : +49 (0) 228 8152451, Mobile : +49 0151 14701633, [email protected]

Veronika Lenarz, Information publique, Secrétariat du PNUE/CMS
Tél : +49 (0) 228 8152409, [email protected]

 

Rédaction du PNUE
Tél : +254 725 939 620; [email protected]

 

 

 

Last updated on 08 May 2015