Un changement majeur s’impose dans la pêche pour donner une chance aux dauphins, aux baleines et aux marsouins

Bonn, 22 mai 2018 - Les dauphins, les baleines et les marsouins (de la famille des cétacés) sont des animaux fascinants qui continuent de captiver l’imagination des humains, comme en témoigne le nombre croissant d’observateurs de baleines qui prennent la mer pour apercevoir ces créatures majestueuses. Ils comptent parmi les animaux les plus intelligents de notre planète et jouent un rôle crucial dans le maintien de la santé des écosystèmes marins et donc de la santé humaine. Pourtant, toutes les deux minutes environ, un dauphin, un marsouin ou une baleine est accidentellement tué dans des opérations de pêche quelque part dans le monde.

Aujourd’hui, alors que le monde célèbre la Journée internationale de la diversité biologique, un rapport publié par le WWF en collaboration avec la Convention sur les espèces migratrices révèle les défis considérables auxquels font face les scientifiques et les dirigeants dans leurs efforts pour réduire les prises accessoires dans des engins de pêche du monde entier afin de garantir la survie des cétacés. Il souligne en outre la nécessité de renforcer la pression de l’opinion publique et pour l’industrie de la pêche de protéger les cétacés pour les générations à venir.

Les cétacés ont une forte influence sur les écosystèmes qui leur sont associés, et leur prélèvement en grand nombre est susceptible d’avoir des répercussions catastrophiques sur les écosystèmes dans lesquels ils vivent. Grands prédateurs, les cétacés ont une importance écologique puisqu’ils emmagasinent et déplacent des nutriments (carbone et azote en particulier) ainsi que de l’énergie à l’intérieur des écosystèmes, et d’un écosystème à l’autre. Chaque année, plus de 300 000 cétacés se retrouvent  emmêlés et se noient dans des engins de pêche nuisibles comme les filets maillants. Rien qu’au Pérou, entre 15 000 et 20 000 dauphins et marsouins meurent chaque année, pris au piège dans des engins de pêche.

Selon le rapport, les solutions les plus prometteuses sont basées sur la pêche et comprennent la mise au point d’engins alternatifs pour remplacer les méthodes de pêche actuelles, comme celles qui utilisent des filets maillants, la mise en place d’aires marines protégées gérées efficacement, et des fermetures spatio-temporelles. Toutefois, les études de cas présentées dans le rapport ne mettent en lumière que quelques exemples pour lesquels des stratégies d’atténuation efficaces ont été mises en œuvre avec succès. Ce défi est aggravé par l’insuffisance de données mondiales sur la pêche, sur les populations de cétacés et sur leur taux d’épuisement, ainsi que par l’impact global de la pêche sur les populations individuelles.

« Les prises accessoires demeurent la principale menace pour de nombreuses espèces de baleines, de dauphins et de marsouins, et la mort de ces animaux est une tragédie pour leur conservation et leur bien-être. Les gouvernements le reconnaissent depuis longtemps et se sont engagés à prendre des mesures pour réduire au minimum la mortalité accidentelle. Nous sommes heureux de présenter cette publication en partenariat avec le WWF. Elle montre comment la société civile et la Convention peuvent travailler de concert pour aider les dirigeants et l’industrie à réduire le risque de prises accessoires et d’enchevêtrement de cétacés ».

Bradnee Chambers, Secrétaire exécutif de la CMS

Au regard des dangers clairs et actuels croissants pour les cétacés dans le monde, les dirigeants politiques et de l’industrie doivent abandonner les pratiques de pêche non durables en faveur d’une action audacieuse et efficace, de solutions de mise à l’échelle qui réduisent les prises accessoires, en renonçant à celles qui ont des taux de réussite plus faibles. Cela déterminera comment chaque future Journée internationale de la diversité biologique, et chacun des jours suivants, pourra passer d’un processus continu entraînant le déclin des dauphins, des marsouins et des baleines à un véritable marqueur de progrès.

« Ce rapport reconnait qu’il existe peu de méthodes et de technologies capables de réduire de manière significative le nombre très important de cétacés capturés et tués dans des opérations de pêche à travers le monde. Il jette également les bases d’une mise à l’échelle de solutions éprouvées et réitère l’urgence d’initier des innovations techniques et sociales pour réduire considérablement la mortalité, en collaboration avec les communautés de pêcheurs. Nous espérons que ce rapport contribuera à attirer davantage l’attention politique sur cette question vitale qui a de vastes implications pour la diversité biologique de la planète. Nous n’avons pas de temps à perdre ! »   

Margaret Kinnaird, Chef de la pratique de la faune sauvage, WWF

Ce numéro de la Série technique a pour but d’aider les Parties à mettre en œuvre la Résolution 12.22 sur les prises accessoires.

 

 

Last updated on 12 September 2018