Opportunité historique pour la conservation des requins et des raies lors de la prochaine Conférence de l’ONU sur la vie sauvage

Quito, 4 novembre 2014 – Les requins nagent en eaux troubles. À la lumière des forts déclins chez de nombreuses populations de requins et de raies, les représentants de gouvernement envisagent de prendre des actions pour aider à inverser la tendance chez les espèces les plus en danger.

Les propositions d’inscription pour des espèces de requins et de raies aux Annexes de la Convention sur la Conservation des Espèces Migratrices de la Faune Sauvage (CMS), sous l’égide du PNUE, ont atteint un nombre record. Les requins, les raies et les poissons-scies constituent 21 des 32 propositions de nouvelles inscriptions aux Annexes de la CMS. Une décision importante est peut-être sur le point d’être prise lors de la 11ème Réunion de la Conférence des Parties (COP), qui a commencé aujourd’hui et se tient jusqu’au 9 novembre à Quito, en Équateur.

Bradnee Chambers, Secrétaire exécutif de la CMS, a déclaré : « La Conférence des Parties de la CMS constitue une occasion importante de stimuler la conservation internationale de certaines espèces de requins et de raies fortement menacées. Les propositions d’inscrire 21 autres espèces de requins et de raies à la Convention reflètent l’intérêt de plus en plus de pays de mettre en avant la restauration de ces poissons vulnérables au niveau biologique et importants au niveau écologique. Ces propositions, si elles sont acceptées par les Parties de la CMS, peuvent ouvrir la voie à d’autres actions de conservation efficaces en faveur des requins et des raies menées par la communauté internationale dans les années à venir. »

D’après une analyse alarmante du Groupe de spécialistes des requins (GSR) de l'UICN publiée en janvier de cette année, environ un quart des plus de 1000 espèces de requins et de raies au monde sont menacées d’extinction.

Le GSR a mis en avant la surpêche comme étant la principale menace contre ces animaux. Ces espèces sont depuis longtemps recherchées pour leur viande et leurs nageoires et, dans certains cas, pour leurs branchies et leur museau uniques, et sont également parfois capturées en nombres conséquents par les sociétés de pêche ciblant d’autres espèces. Le GSR a souligné que les raies étaient généralement plus menacées et moins bien protégées que les requins.

La plupart des espèces de requins et de raies sont particulièrement vulnérables à la surexploitation car elles ont une croissance lente, une maturité tardive et ne donnent naissance qu'à seulement quelques petits, comparées aux autres espèces de poissons. Les raies manta, par exemple, ne donnent naissance qu’à un seul petit tous les deux ans. Ces animaux parcourent les océans du monde entier depuis plus de 400 millions d’années et jouent un rôle essentiel dans les écosystèmes marins.

De plus en plus de pays reconnaissent l’importance des requins et des raies, ainsi que l’urgence de stopper leur déclin. Pourtant, la plupart des nations pratiquant la pêche aux requins et aux raies n’ont pas de dispositifs de protection efficaces pour ces espèces.
Lors de la COP de la CMS, les gouvernements étudieront des mesures de conservation coordonnées sur le plan international en faveur des espèces migratrices et ce, pour les trois prochaines années, et décideront quelles espèces proposées doivent être inscrites à ses deux Annexes.

Le Kenya a proposé d’inscrire aux deux Annexes les cinq espèces de poissons-scies, en grand danger d’extinction, alors que les Fidji ont proposé l’inscription des neuf espèces de raies Mobula et de la raie manta du prince Alfred. La raie manta géante, très similaire, avait été inscrite aux deux Annexes de la CMS en 2011.

La CMS peut jour un rôle important en initiant et en encourageant la collaboration entre pays afin de mieux protéger les requins. L’inscription de ces espèces de requins et de raies pourrait entraîner un élan politique pour stopper le déclin spectaculaire de ces espèces marines exceptionnelles.


Notes aux rédacteurs :

Poissons-scies

Les poissons-scies ont été décimés au niveau mondial au cours du siècle dernier à cause de la pression exercée par la pêche, y compris la capture accessoire et la perte d’habitats critiques, tels que la mangrove. Tout en empirant leur enchevêtrement dans les débris marins, les museaux des poissons-scies (ou « rostre ») sont convoités depuis longtemps à des fins culturelles, médicales ou comme articles rares, alors que leurs nageoires font partie des plus recherchées pour la soupe d’ailerons de requins. Ayant complètement disparu de certaines grandes régions de leur aire de répartition originale, ils font partie des espèces marines les plus menacées d’extinction dans le monde. Afin de stimuler les efforts de conservation, le Groupe de spécialistes des requins de l’UICN a récemment mis en place une stratégie internationale de rétablissement du poisson-scie, qui inclut l’objectif d’inscrire toutes les espèces aux Annexes de la CMS. Après avoir interdit avec succès le commerce international du poisson-scie, le Kenya cherche à traiter, avec l’aide de la CMS, les autres menaces pesant sur cette espèce, telles que la mortalité due à la capture accessoire et la destruction des habitats.

Raies

La raie manta du prince Alfred, qui entreprend de grandes migrations et fréquente divers habitats, dont les récifs côtiers et les zones pélagiques, ainsi que ses proches parents les raies Mobula, sont menacées par le commerce international des filets maillants et la pêche non réglementée, à la fois dans les sociétés de pêche artisanales et industrielles. Alors que l’on estime que la population mondiale de la raie manta du prince Alfred a diminué de 30 pour cent selon la Liste rouge de l’UICN, leur nombre a chuté de parfois 86 pour cent dans certaines régions au cours des huit dernières années. Les raies manta et Mobula bénéficieraient d’une protection stricte grâce à une inscription à l’Annexe I de la CMS.

Requins-marteaux

Les populations de grands requins-marteaux et de requins-marteaux halicornes ont subi des déclins spectaculaires dans le monde entier au cours des dernières décennies, de l’ordre de 60 à 99 pour cent. Le GSR de l’UICN a classé ces deux espèces de requins-marteaux comme étant En danger au niveau mondial et comme étant l’espèce la plus menacée parmi tous les requins pélagiques et semi-pélagiques hautement migrateurs au monde. Les requins-marteaux possèdent des nageoires extrêmement précieuses et sont également capturés pour leur viande, souvent lorsqu’ils sont jeunes. À la lumière de la surpêche et du manque de mécanismes de régulation adéquats, les pays auteurs de la proposition (Équateur et Costa Rica) considèrent l’inclusion de l’espèce dans l’Annexe II de la CMS comme une étape importante dans le rétablissement de leurs populations.

Requin soyeux

Le requin soyeux est généralement attrapé, souvent lors de captures accessoires, par des sociétés de pêche à la palangre en haute mer et de pêche à la senne coulissante. Plusieurs populations ont été décimées, les pertes étant estimées à 90 pour cent ou plus dans certaines régions. Le gouvernement égyptien propose d’inscrire l’espèce aux Annexes de la CMS, dans l’espoir de ramener la mortalité de ces animaux à des niveaux durables.
Requins renards
Les trois espèces de requins renards sont classées par le GSR de l’UICN comme étant Vulnérables, faisant de ce groupe l’un des plus menacés d’extinction dans la famille des requins. Dans sa proposition d’inscrire à l’Annexe II les requins-renards à gros yeux, commun et pélagique, l’Union européenne alerte les Parties de la CMS du déclin de l’espèce dans le monde entier. Les requins-renards sont capturés et tués par la pêche ciblée et la capture accessoire.
 

Convention sur la Conservation des Espèces Migratrices de la Faune Sauvage

La Convention sur la Conservation des Espèces Migratrices de la Faune Sauvage (CMS), sous l’égide du PNUE, également connue sous le nom de Convention de Bonn, d’après la ville où le traité fut signé, travaille à la conservation d’une grande variété d’animaux migrateurs aviaires, aquatiques et terrestres menacés d’extinction dans le monde entier en négociant et en mettant en œuvre des accords et des plans d’action par espèce. Avec actuellement 120 pays membres, la CMS est une convention en pleine croissance, chargée tout particulièrement de renforcer les efforts de conservation internationaux en faveur des animaux migrateurs.

Une inscription à l’Annexe I de la CMS oblige les Parties à une protection stricte, telle que l’interdiction des captures. L’inscription à l’Annexe II engage les pays à coordonner des mesures de conservation transfrontalières dans toute l’aire de répartition de l’espèce.

Le Mémorandum d’Entente de la CMS sur la conservation des requins migrateurs constitue le premier instrument international en faveur de la protection des espèces de requins migratrices. Il a été conclu en 2010 et compte aujourd’hui 36 signataires.

 

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Florian Keil, Coordinateur de l’équipe de gestion de l’information commune, de communication et de sensibilisation pour les Secrétariats du PNUE/CMS et du PNUE/AEWA, tél : +49 (0) 228 815 2451; +(593) (0)9 934 92508 (pendant la conférence) ; courriel : [email protected]

Veronika Lenarz, Responsable de l’information, Secrétariat du PNUE/CMS
 tél : +49 (0)228 815 2409; +(593) (0)9 9911 84 42 (pendant la conférence);  courriel : [email protected]

Last updated on 05 November 2014