La CMS et la CITES unissent leurs forces pour protéger les carnivores d’Afrique

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

 

Bonn, 18 octobre 2017 - Deux organismes influents, liés aux Nations Unies et œuvrant en faveur des espèces sauvages proposent d’unir leurs forces en une nouvelle initiative visant à mettre un terme au grave déclin des grands carnivores d’Afrique.

La Convention sur les espèces migratrices (CMS) et la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) soumettront leur plan à la COP12 de la CMS, le sommet sur la faune sauvage qui se tiendra à Manille à la fin du mois d’octobre. Les propositions d’inscription du lion et de la panthère à l’Annexe II de la CMS seront également discutées lors de cette conférence.

L’Initiative sur les carnivores d’Afrique résulte du programme de travail conjoint CMS-CITES 2015-2020 qui a été approuvé par les deux conventions. Si elle est adoptée, elle devrait constituer une plateforme commune pour la mise en œuvre des résolutions et des décisions portant sur les lions, les panthères, les guépards et les lycaons, à la fois en vertu de la CMS et de la CITES*. Les deux conventions chercheraient à mettre en commun leurs ressources et leur expertise afin de proposer des mesures concrètes et des orientations politiques en collaboration avec d’autres organisations telles que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

La CMS et la CITES ont déjà coopéré en réunissant tous les États africains de l’aire de répartition du lion en Ouganda en mai 2016, afin d’identifier les principales mesures nécessaires à la conservation des lions à travers l’Afrique. La CoP17 de la CITES a également adopté une série de décisions sur la conservation et la gestion du lion et du lycaon qui appellent à la collaboration des deux conventions.

Le Secrétaire exécutif de la CMS, M. Bradnee Chambers, a déclaré : « Le temps presse pour les carnivores emblématiques de l’Afrique. En tant qu’organisations sœurs, la CMS et la CITES chercheront à rassembler les synergies qui existent pour sauver les grands félins et les lycaons du continent. »

Le Secrétaire général de la CITES, M. John E. Scanlon, a déclaré : « Les carnivores d’Afrique comptent parmi les animaux les plus connus et les plus admirés au monde. Aujourd’hui, la survie de ces prédateurs charismatiques dans la nature fait face à de nombreuses et diverses menaces. Cependant, cette crise peut encore être évitée, et pour cela, la CITES et la CMS, les deux conventions internationales sur la faune sauvage, unissent leurs forces afin de mieux lutter contre ces dangers, pour le bénéfice des populations et de la faune sauvage, et pour soutenir les objectifs de développement durable des Nations Unies. »

Selon l’UICN, le lion d’Afrique, le guépard, la panthère et le lycaon sont en déclin constant - et parfois grave - sur le continent africain, à l’exception des lions d’Afrique australe, qui sont en légère augmentation.

La Liste rouge des espèces menacées de l’UICN, évalue le risque d’extinction de chaque espèce selon des critères spécifiques.

L’évaluation 2015 de la Liste rouge de l’UICN pour le lion d’Afrique suggère que les populations de lions ont connu un déclin global de 43 % entre 1993 et ​​2014. L’espèce est toujours classée dans la catégorie Vulnérable sur la Liste rouge, mais la plupart des populations présentes en dehors de l’Afrique australe (incluant le Botswana, la Namibie, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe) sont considérées comme En danger (Afrique de l’Est et Afrique centrale) ou En danger critique d’extinction (Afrique de l’Ouest).

Malgré les difficultés rencontrées pour estimer l’abondance exacte du guépard à travers l’Afrique en raison de sa rareté et de l’étendue de son aire de répartition, l’évaluation 2015 de la Liste rouge de l’UICN estime que la population a diminué de 30 % au cours des 15 dernières années en établissant un parallèle avec le déclin de l’habitat de l’espèce. Le guépard est classé dans la catégorie Vulnérable sur la Liste rouge et dans la catégorie En danger critique d’extinction en Afrique du Nord et de l’Ouest. Selon une étude récente, le classement dans la catégorie Vulnérable pourrait ne pas être approprié étant donné que 77 % des guépards vivent en dehors des aires protégées et ne sont donc pas inclus dans les évaluations des populations. Le guépard étant confronté à de multiples menaces en dehors des aires protégées, la modélisation des scénarios a montré que le risque d’extinction pourrait être significativement plus élevé que dans les aires protégées et nécessiterait une classification de l’espèce dans la catégorie En danger de la Liste rouge.

L’évaluation 2016 de la Liste rouge de l’UICN pour la panthère fait état d’une diminution de plus de 30 % des populations d’Afrique subsaharienne au cours des 21 dernières années, en lien avec le fort déclin des espèces proies et l’expansion des terres agricoles. Le déclin en Afrique de l’Ouest et de l’Est est estimé à plus de 50 %. La panthère est donc classée dans la catégorie Vulnérable sur la Liste rouge, ayant été retirée de la catégorie Quasi menacée en 2015.

Le lycaon a été classé dans la catégorie En danger par l’évaluation 2012 de la Liste rouge de l’UICN. Bien que le manque de données complique les estimations de population, l’évaluation de l’UICN estime qu’un déclin global de 17 % a eu lieu entre 1997 et 2012. Le déclin a été le plus marqué en Afrique centrale et en Afrique australe, où les populations ont diminué d’environ 26 % au cours de la même période.

Les experts affirment que les carnivores sont vulnérables à un certain nombre de menaces qui découlent de différents facteurs : la perte et la fragmentation des habitats liées à l’expansion des établissements humains et des activités agricoles ; les conflits avec les hommes protégeant leur bétail ; la diminution du nombre d’animaux dont ils se nourrissent ; et le commerce non durable et illégal des spécimens de grands carnivores. Par conséquent, le lion n’est présent que dans 17 % de son aire de répartition historique en Afrique, le guépard dans 9 %, la panthère dans 51 % et le lycaon dans 6 %.


* Les annexes de la CMS et de la CITES constituent une indication du degré de protection accordé à une espèce. Le guépard est inscrit à l’Annexe I de la CMS et le lycaon à l’Annexe II. Le lycaon n’est pas inscrit aux annexes de la CITES parce qu’il ne fait généralement pas l’objet de commerce, mais le lion est inscrit à l’Annexe II de la CITES, tandis que la panthère et le guépard figurent à l’Annexe I.

 

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Notes aux éditeurs :

Last updated on 18 Octobre 2017