Des actions visant à endiguer le déclin des oiseaux terrestres d’Afrique – Eurasie adoptées à Abidjan

Bonn / Abidjan, 1 décembre 2015 - Des experts issus de 20 pays se sont réunis à Abidjan (Côte d’Ivoire) pour la deuxième réunion du Groupe de travail de la CMS sur les oiseaux terrestres migrateurs d’Afrique-Eurasie du 25 au 27 novembre 2015.

La réunion était organisée par Bureau sous-régional du PNUE pour l’Afrique de l’Ouest, nouvellement créé. Les discours d’ouverture ont été prononcés par Mme Angele Luh (Directrice du Bureau du PNUE), le Colonel Sombo Tano (Point focal de la CMS en Côte d’Ivoire), M. Olivier Biber (Président du Groupe de travail) et le Secrétariat de la CMS. Le soutien généreux du gouvernement suisse, qui avait fourni une contribution volontaire pour l’organisation de cette réunion, a été reconnu.

Angele Luh a déclaré : « C’est la première réunion que nous organisons au bureau sous-régional du PNUE et je suis ravie de voir un tel groupe d’experts engagés débattre de sujets liés à la conservation des oiseaux terrestres migrateurs, qui sont pertinents pour le cycle duPlan cadre des Nations Unies au développement (UNDAF), actuellement en cours de préparation pour les pays d’Afrique de l’Ouest ».

Le Groupe de travail a discuté de plusieurs aspects relatifs à la mise en œuvre du Plan d’action pour les oiseaux terrestres (AEMLAP), adopté lors de la dernière COP de la CMS à Quito en novembre 2014, avec une attention particulière pour l’Afrique de l’Ouest. Le nouveau coordinateur du Groupe de travail, M. Alex Ngari, a été présenté et ses termes de référence adoptés. Il sera basé au Secrétariat africain de BirdLife à Nairobi et apportera un soutien global aux opérations du Groupe de travail, en contact étroit avec le Secrétariat de la CMS.

Bradnee Chambers, Secrétaire exécutif de la CMS, a déclaré : « C’est encourageant de voir les progrès accomplis dans la mise en œuvre du Plan d’action pour les oiseaux terrestres et l’attention internationale que cela génère ; les discussions d’Abidjan relatives aux politiques d’occupation des sols sont pertinentes pour la mise en œuvre des Objectifs de développement durable. Elles montrent que la conservation et le développement peuvent être compatibles et que la croissance économique ne doit pas se faire au détriment des espèces migratrices et de la biodiversité. »

L’intégration des sujets relatifs à la biodiversité (et les oiseaux terrestres constituent un excellent indicateur de biodiversité) dans les grandes politiques d’occupation des sols constituait l’un des objectifs de cette réunion, conformément au Plan stratégique de la CMS pour les espèces migratrices et aux Objectifs d’Aichi.

Un projet de programme de travail pour le Groupe de travail a été débattu et il a été convenu d’adopter une approche régionale selon trois zones principales de voies de migration : lavoie de migration Est-Atlantique comprenant l’Europe de l’Ouest et l’Afrique de l’Ouest ; la voie de migration de l’Est de la Russie et d’Asie du Sud et la voie de migration du Moyen-Orient, d’Afrique de l’Est et de la Vallée du Rift.

La priorité sera donnée à lavoie de migration Est-Atlantique, où des déclins importants d’oiseaux terrestres migrateurs ont été détectés. Les espèces afro-paléarctiques qui traversent le Sahel et les zones de savane de la Guinée en Afrique de l’Ouest, ou y passent l’hiver, sont confrontées aux déclins les plus sévères parmi tous les oiseaux migrateurs, dont la tourterelle des bois d’Eurasie et le coucou gris. En plus du changement climatique, la perte et la dégradation des habitats non reproducteurs sont considérés comme faisant partie des principaux facteurs du déclin de ces oiseaux terrestres, ceux qui hivernent dans les savanes sahélo-soudanaises étant particulièrement affectés.

Un projet phare a été adopté pour cette voie de migration, comprenant l’organisation en 2016 d’un atelier pour discuter des changements d’occupation des sols en Afrique de l’Ouest et des mesures pour traiter ces changements afin d’éviter les impacts sur les oiseaux terrestres migrateurs. L’atelier traitera de l’agriculture (à la fois les terres arables et le bétail), de l’extraction du bois (bois de chauffage et bois de charpente) et des barrages hydrauliques, ces derniers étant probablement responsables des principaux impacts de changements d’occupation des sols sur les oiseaux terrestres migrateurs et la biodiversité dans son ensemble.

Les membres du Groupe de travail ont fait état de leurs activités et il était intéressant d’entendre que notamment au Nigéria, un Comité des oiseaux terrestres avait été établi incluant le Ministère de l’Agriculture, le Service des parcs nationaux et la Nigeria Conservation Foundation. Le Comité est présidé par le service de la faune sauvage et des forêts du Ministère de l’Environnement et son principal objectif est de mettre en œuvre l’AEMLAP au niveau national. Cette initiative a été accueillie très chaleureusement par le Groupe de travail et d’autres pays tenteront de créer des comités équivalents.

Au Ghana, il existe desZones de gestion communautaire des ressources (CREMA) qui ciblent plusieurs espèces et ont pour objectif d’impliquer totalement les communautés locales dans la gestion des ressources naturelles. Le gouvernement émet des certificats de transfert de propriété afin de garantir que les communautés bénéficient de la pleine propriété des zones. Pour le moment, il existe 15 CREMA et 18 sont en projet. C’est une approche très innovante et une solution gagnant-gagnant qui fonctionne très bien dans un pays fortement décentralisé comme le Ghana et qui constitue un modèle à reproduire ailleurs.

Des plans d’action seront mis en place pour les espèces subissant un fort déclin, en particulier lebruant auréole et la tourterelle des bois d’Eurasie. Le Groupe de travail a par ailleurs convenu de développer un Plan d’action pour le rollier d’Europe, malgré le fait qu’il ait récemment été rétrogradé dans la Liste rouge de l’UICN. Cette espèce a été incluse dans l’Annexe I de la CMS lors de la dernière COP en 2014.

En outre, le Groupe de travail a entendu parler d’un projet de l’Agence fédérale allemande pour la conservation de la nature (BfN) sur le suivi et la conservation des oiseaux migrateurs en Afrique. C’est un projet très important qui ciblera les oiseaux terrestres et sera mis en œuvre dans le réseau de réserves de biosphère  de l’UNESCO. Il existe environ 80 réserves de biosphère en Afrique dont la mission est faire des recherches sur la biodiversité, et d’en effectuer le suivi, et le projet inclura un renforcement des capacités en matière de suivi des oiseaux grâce à des ateliers de formation pour les coordinateurs locaux de certaines réserves de biosphère. Le projet est financé par le Ministère fédéral de l’Environnement (BMUB).

Pour de plus amples renseignements, veuillez contacter Borja Heredia, chef de l’équipe sur les espèces aviaires, à  [email protected].

Last updated on 24 May 2016